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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/157

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

ce sont des braves gens. Il est vrai qu’ils ne sont plus bien riches. Une suite de mauvaises récoltes les a beaucoup éprouvés ».

— Ah ! fit Bernard attentif.

— Oui ; ils ont dû hypothéquer une partie des terres ; mais mon père a promis de leur avancer l’argent nécessaire pour se libérer dans le courant de l’année prochaine. Je suis fils unique ; nous les aiderons ; maintenant ce qui est à elle est à moi, n’est-ce pas ?

— Ne crois-tu pas, demanda perfidement Bernard, que l’amour de ta fiancée ne soit fortement accrû par cette situation difficile ?…

— Veux-tu bien te taire ! s’écria François,

— Je parle dans ton intérêt, répondit-il sans s’émouvoir. Tu sais que c’est un fameux service que tu rends là aux Mauléon ?

— Évidemment, évidemment ; plus grand que tu ne crois encore ; car leur situation est bien difficile : ils ont eu une ferme brûlée entièrement avec le blé, le fourrage et le bétail (par malveillance, c’est sûr). Cela représente plus de cent cinquante mille francs ; et pas d’assurance là-dessus ! Et ils avaient vendu cette récolte, touché des avances, et acheté des machines agricoles dont ils n’ont payé qu’une partie et qu’il va falloir payer tout à fait. Sans nous, c’est la ruine. Alors, tu comprends bien que je serais tout de même étonné d’être repoussé par Angèle qui m’a toujours témoigné de l’affection et que la manière dont mon père