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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/172

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LE MAL DES ARDENTS

— Je vous jure que je ne vais pour ainsi dire jamais à Issoire ni à Clermont.

— Qui vous parle d’Issoire ou de Clermont ! Je veux dire que vous préférez circuler dehors que rester dans votre logement. Comme vous tournez mal tout ce qu’on dit !

Il s’enferma avec l’ingénieur. Celui-ci, gros homme bredouillant et agité, se mit à parler immédiatement. Bernard l’écouta avec patience mais d’un air excédé qui suffit à fermer l’écluse.

— Procédons avec ordre, dit-il alors. Il est évident, et vous le reconnaissez vous-même, que l’exploitation est mal menée. Je ne suis pas ingénieur mais je vois le résultat. Des grappes d’hommes disséminées, des chantiers ouverts de tous côtés sans ordre apparent, des matériaux dispersés, un roulage insensé, un cheval pour deux wagonnets et un conducteur qui n’en fout pas un clou, bien entendu. Si c’est là tout ce que vous savez faire de mieux, évidemment il faut préparer vos malles.

L’ingénieur hésitait à comprendre.

— Oui, dit Bernard, il faut prendre vos cliques et vos claques et foutre le camp. C’est-il assez net, Mr. Pagès ?

Et, devant le silence de son interlocuteur :

— Mais, auparavant, me faire comprendre si les tristes résultats auxquels vous êtes arrivé sont dûs à votre incapacité ou à votre mauvaise foi. Puisque vous allez partir, vous pouvez bien m’avouer la vérité. Je vous ferai un bon certificat.