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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/195

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Venez donc déjeuner dimanche à Clermont, nous causerons de tout cela.

— Ma foi, je veux bien, répondit Rabevel en se levant. À dimanche.

Il se sentait sur le chemin de la fortune, mais voulait ne rien faire voir de sa joie. Il fit atteler au convoi descendant une plateforme où prirent place ses visiteurs ; maîtrisant sa joie, il leur souhaita bon voyage avec une froideur courtoise ; cependant, à un virage, comme Mr. Orsat, ayant légèrement tourné la tête, lui faisait de la main un signe amical il ne put se tenir soudain d’agiter son chapeau en un grand geste joyeux.

Il attendit le dimanche avec une impatience d’enfant. Il se leva aux premiers rayons du jour. Le mois d’Octobre finissant dorait les rares ramures de la vallée ; le noir plateau pâlissait et semblait moins rude. Bernard procéda à sa toilette avec un soin minutieux ; il essaya toutes ses cravates et ne descendit à la station que lorsqu’il se crut bien assuré que sa tenue ne détonerait en rien devant celle d’un gentleman bien habillé comme l’était, par exemple, son ami Abraham.

À la gare, il eut la surprise de voir venir le sire Bartuel au devant de lui.

— Je vous attendais, Monsieur Rabevel : figurez-vous que j’ai pensé à une chose intéressante pour quelqu’un qui sait comprendre comme vous ; parce que vous, je crois que vous savez comprendre…