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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/211

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Bible pour reproduire in extenso l’histoire d’Abimelech dont l’Éternel « bouchait les femmes par le bas » et ainsi de suite ?… Tu es fou.

— Tu ne te doutes pas de la joie que procure la connaissance pure et désintéressée ; chez nous autres Juifs, une génération reporte aux œuvres de l’esprit ce que la précédente a raflé à l’épargne. Tous, nous sommes des cerveaux nés pour la jouissance de l’esprit mais différemment orientés. Si je vis assez longtemps tu verras quelle œuvre j’accomplirai !

Une jeune femme entra qui n’était point Claudie.

— Voici, dit Abraham, ma collaboratrice, Juliette Tercelin, licenciée en toutes sortes de choses et qui ne vit que pour la science.

La jeune femme parut à Bernard insignifiante et il se borna à la saluer.

Puis il demanda :

— À part cela, rien de nouveau ?

— Rien. Tu sais sans doute que François s’est marié avant son départ ?

Bernard eut un haut le corps.

— Tu dis ?

— Comment, il ne t’a pas écrit ? Eh bien ! voilà : la veille du jour fixé pour le départ, le père Régis s’est aperçu de graves sabotages dans le bateau ; il a télégraphié ici, on a dû surseoir au départ, le retard prévu étant de trois semaines pour les réparations. Voilà mon François qui