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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/136

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IV



Le lendemain, à cinq heures, un fantôme déguisé en lune se leva vers l’est, à la place où se lève le soleil du midi ; un brouillard diaphane, un brouillard d’été tamisa les rayons de l’astre, et nous donna un jour d’un violet clair, assez semblable à celui que Virgile décrit dans les Champs-Élyséens. À travers cette gaze crépusculaire, on aurait cru voir un soleil enrhumé. Mon compagnon le nabab découvrit une pensée railleuse au fond de mon silence, et me dit :

— Oui, il doit vous paraître bien étonnant de voir un Anglo-Indien comme moi, habitué comme moi à un soleil véritable, et venant réchauffer sa vieillesse aux rayons glacés du nord. C’est une question de tombe, voila tout. Le soleil indien me donnerait peut-être quelques années de plus ; mais les dernières