Aller au contenu

Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

années de la vieillesse n’allongent pas la vie ; que faire d’un temps qu’on ne peut employer à rien ? J’ai en horreur les cimetières de l’Inde ; ils sont trop souvent ravagés par les animaux ou les hommes. Les morts y dorment en sursaut. Vous connaissez sans doute la nécropolis de Liverpool, dans la haute ville, au sommet de Copperas-Hill ; c’est là que mon père et ma mère ont leur tombe. Je ne veux pas me séparer d’eux. »

Nous traversions en ce moment la Tamise une seconde fois, pour débarquer à Woolwich, qui est le plus proche voisin de Greenwich ; l’arsenal et l’hôpital se touchent ; si c’est le hasard qui a établi le voisinage de ces deux choses, le hasard est très-intelligent.

L’entrée de l’arsenal de Woolwich est interdite aux étrangers : la même prohibition est écrite à la grille de l’arsenal de Toulon. Cependant j’ai rencontré beaucoup d’Anglais dans l’arsenal de Toulon, j’y ai même conduit l’honorable post-captain Grey, fils de l’illustre ministre de ce nom et commandant du Belveder, charmante frégate de 34 pièces de canon. En revanche, un Anglais m’a introduit, malgré la consigne, dans l’arsenal de Woolwich. Les consignes absolues n’existent pas. On entre presque toujours dans les endroits où il est défendu d’entrer. Il suffit même de lire, à Paris, sur une porte : Le public n’entre pas ici, pour pouvoir affirmer qu’on entrera. Je ne suis pas le public, dit un jour un voyageur au gardien d’un établissement impénétrable. — C’est juste ! dit le gardien, et il laissa passer.

Il n’y a aucune comparaison à établir entre les arsenaux de Toulon et de Woolwich ; l’arsenal de Toulon est une mer-