Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/139

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mencement d’un mensonge, j’en rends grâce à Dieu, en ma qualité d’ennemi de la guerre et d’ami acharné de la paix.

Voici donc le mystère. Il y a des savants méditatifs et très-inventeurs, qui ont employé trente-huit ans de paix générale à découvrir des secrets infernaux, des trucs d’extermination auprès desquels nos fusils, nos canons et nos sabres ne sont plus que des hochets d’enfants. Quelle est la nature de ces secrets ? Là, le mystère recommence. Les uns disent qu’un grave penseur du congrès de la paix, voulant mieux faire qu’un long discours pour sa divine cliente, a redécouvert ce formidable feu grégeois qui, au dire de Joinville, épouvanta les soldats de saint Louis au bord du Nil. Les autres affirment que le feu grégeois est la moindre des choses, un amusement, une plaisanterie d’écolier, un feu d’artifice de Chinois. Il s’agit bien de feu grégeois dans les souterrains de Woolwich ! On parle d’un inépuisable trésor de bombes asphyxiantes, dont l’effet infaillible est l’anéantissement instantané d’une armée ennemie. Vous figurez-vous un pareil résultat ? Il est cinq heures du matin ; deux années navales ou terrestres sont en présence. Les Anglais lancent leurs bombes chimiques : il ne reste plus que des Anglais vivants sur le champ de bataille : tout a disparu ! à cinq heures un quart tout est fini ! On parle encore de certaines fusées mystérieuses auprès desquelles les fusées de Congrève sont des gerbes de feu d’artifice. Rien ne résisterait ainsi à cette dernière découverte ; mille Vésuves en éruption sur une ligne anglaise, telle serait l’image de cette artillerie, créée, dit-on, par un philanthrope du congrès de la paix, à Birmingham. Allez vous frotter contre mille Vésuves, avec vos