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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/140

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fusils et vos canons ! Enfin, le génie de la destruction philanthropique a, dit-on encore, mis le comble à son art en inventant des machines énormes, à pompes pneumatiques, qui suppriment la respiration d’une armée ennemie, à trois cents toises de leurs affûts. Il y a peut-être de l’exagération dans tous ces on dit ; mais Qu’importe ! au-dessous de ce luxe de découvertes, on trouve à coup sûr une vérité formidable et rassurante à la fois, surtout quand on songe que nous ne sommes pas restés en arrière, nous, en France, et que Vincennes garde aussi ses secrets souterrains, comme Wolwich.

Bénissons les progrès de la science ; ils sauveront le monde de la barbarie, en fondant l’ère éternelle de la paix. C’est en exagérant ainsi les périls des guerres, qu’on les supprime tout à fait. Quelque courageux qu’on soit, on aime à trouver sur un champ de bataille des chances de salut ; chaque soldat espère bien survivre à son voisin pour raconter sa bataille à la chaumière. Dès qu’il sera bien démontré que deux armées peuvent disparaître de la surface du globe, à la minute où elles se rencontrent, on y regardera certes à deux fois avant de trouver un casus belli. Ceux qui sont braves, et ils sont rares partout, quoi qu’on en dise, sont habitués à mépriser des dangers connus et classés. Viennent des dangers surnaturels et invinciblement exterminateurs, et nous verrons s’il reste beaucoup de héros ! L’histoire est là pour nous prouver que les hommes les plus braves ont reculé de peur devant des dangers révélés aux batailles pour la première fois. Les Romains ne peuvent pas être accusés de poltronnerie ; y eut-il jamais des soldats plus braves ? eh bien ? ils sa-