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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/157

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— Vous trouverez l’acheteur, interrompit vivement le prince.

— Ah ! ce serait difficile !

— Non, et la preuve, c’est que l’acheteur est trouve. Je veux être de moitié dans votre pieuse action. Je suis un zélé sectateur de Siva, comme vous ; voyez la raie blanche de mon front, je m’associe à la restauration de la pagode de Ten-Tauli, et j’achète votre diamant au prix demandé. Vous aurez le poids de l’or demain.

Le brahmane regarda le ciel bleu avec un sourire de prédestiné ; il entrevit Indra, le manguier et l’éléphant Irivalti.

Le marché fut donc définitivement conclu le lendemain. Le prince donna l’or, le brahmane donna le diamant.

— Je désire, dit le brahmane, que mon diamant Beabib conserve ses vertus merveilleuses entre vos mains ; et je vous fais une prière…

— Laquelle, sage brahmane ?

— Toutes les fois que vous aurez vu, dans les rayonnements miraculeux de mon diamant Beabib, une histoire digne d’être contée ou une image digne d’être reproduite, elle ne sera pas, je l’espère, perdue pour moi.

Le jeune prince promit de lui communiquer tout ce que Beabib lui raconterait de curieux, et lui ferait voir de merveilleux.

À la suite de cet entretien, le brahmane Kosrou fit publier, dans Hyder-Abad, que la restauration de la pagode de Ten-Tauli commencerait le lendemain, et il invita les sculpteurs, les fondeurs de métaux, les architectes, les ouvriers subalter-