Aller au contenu

Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raude, de porphyre, de topaze, de saphir, se déroulaient à perte de vue, emportant avec eux des populations splendides, des armées étincelantes, des chariots d’or, des fêtes babyloniennes, des cités de marbre, des jardins de fées, des lacs d’argent fluide, des harems pleins de fleurs et de femmes, des portiques de rubis, des colonies aux tentes de pourpre, des bazars inondés de toutes les étoffes de Kachmir et d’Ispahan : merveilleux chaos de toutes les choses qui ravissent les yeux, et que le pinceau du soleil colore dans un travail éternel.

Ces fleuves lumineux, ces campagnes éblouissantes devenaient ensuite le théâtre de toutes les scènes que l’Asie a vues depuis les âges fabuleux. Les caravanes primitives passaient avec leurs troupeaux et leurs dromadaires, sur des fonds de perspective, éclairés par des constellations de diamants. Les golfes bleus d’Ormus et d’Ophir se peuplaient de femmes nues, qui jouaient sur un sable de perles. Toutes les nymphes océanides semaient des fleurs sur les îles Maldives, où le dieu de la mer Indienne agitait son trident de corail, en appelant une armée de jeunes tritons, descendus de leurs conques de nacre, avec des couronnes de lavanteras. Par intervalles, l’Océan repliait son voile de saphir, et découvrait à l’œil ses profondeurs mystérieuses, ses grottes tapissées de perles, ses abîmes remplis des trésors des naufragés, ses gouffres où nagent les monstres inconnus, les vallées sous-marines, semées de fougères colossales, les cratères des volcans éteints, les colonnades de stalactites, les montagnes de nacre, les pyramides de coquillages, les gigantesques buissons de corail ; enfin, tout le reliquaire gardé par l’océan In-