Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/176

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donnons-nous un bon serrement de main ; c’est plus gai qu’un coup de poignard.

Augustus et Killy se réconcilièrent ainsi, et un instant après, ils étaient assis devant une table, comme d’anciens amis, car rien n’est plus ardent qu’un sentiment de haine qui se change tout à coup en amitié.

Lorsqu’ils se séparèrent, Augustus Hartwood présenta une bague à Killy, en lui disant :

— Voici un souvenir de moi ; c’est un bijou de réconciliation, faites-moi votre présent à votre tour. Killy n’avait rien à donner en échange, et il hésita, en faisant une pantomime qui signifiait je suis fort embarrassé, je n’ai rien à pouvoir vous offrir.

— Vous avez là, dit Augustus, une belle topaze d’Écosse qui m’a charmé les yeux depuis le moment où je vous ai aperçu dans mon allée d’ifs.

Impossible de refuser, en pareille occasion, un léger présent demandé avec tant de grâce. Killy détacha la topaze, et la donna au père de Katrina.

Après cet échange, renouvelé des guerriers d’Homère, sur un champ de bataille, Killy prit congé d’Augustus Hartwood, et cherchant d’un œil timide sa belle fiancée qu’il n’aperçut pas, il se dirigea vers le lac.

On devine très-bien que cette première visite ne fut pas la dernière. Killy ne traversait plus le lac pendant la nuit, il se rendait en plein jour à la maison d’Augustus Hartwood, et pour abréger la série inutile des détails intermédiaires, nous nous hâterons de dire ce que le lecteur attend comme dénouement prévu : Killy épousa Katrina.