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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/197

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térieux, et elle traça autour d’elle un cercle qui changea les grains de sable en étincelles phosphoriques qui ressemblaient à des yeux vivants couleur d’iris.

Au même instant, le tonnerre gronda sur les pics de Killarney, et les échos tourbillonnèrent avec des gradations infinies dans les cratères immenses, au fond desquels dorment les eaux noires et plombées des lacs.

Menai-Woolf fit un signe avec sa baguette magique, et les deux villageois s’avancèrent pour recueillir l’oracle qui allait être prononcé. La magicienne agita convulsivement sa tête superbe, comme si elle faisait un suprême effort pour arracher à l’avenir ses arcanes les plus mystérieux, et ses bras se déployèrent dans toute leur majesté souveraine comme les deux ailes de l’oiseau des Cordillères, dans les rayons de l’équateur.

Femme — dit-elle, d’une voix qui semblait sortir d’un clavier d’airain ; — femme, incline ta tête devant la révélation de l’inconnu !

La fermière, qui admirait toujours la beauté de la magicienne, obéit à l’ordre et à la lourde pression de la baguette magique, et s’inclina.

— Femme poursuivit la magicienne, écoute bien ceci, et ne l’oublie jamais pendant seize ans. Quel que soit l’état vil où tu te trouves aujourd’hui, ta fille épousera le vice-roi d’Irlande. J’ai dit.

Elles nous ont dit toutes les deux la même chose, pensèrent les deux villageois, la prédiction, quoique impossible, s’accomplira.

Et tous les deux, après avoir salué la magicienne, et baisé