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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/218

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Masse lut le billet et tressaillit intérieurement de joie ; il fit aussitôt mettre en mer les embarcations, et désigna les hommes qui devaient faire partie de la première descente. Presque toutes les jeunes Mendoçaines, en voyant ces préparatifs, se jetèrent à l’eau pour escorter les chaloupes, comme des néréides. Masse, au moment de descendre l’échelle, regarda la jeune Mutzi et lui fit signe d’imiter ses sœurs ; mais elle répondit par un sourire de refus.

Masse fut consterné.

Les rames des trois chalouppes n’attendaient que le signal du lieutenant pour s’abattre sur la mer et emporter les marins au rivage, mais le signal n’arrivait pas. Masse avait engagé une vive discussion avec la jeune Mendoçaine, toujours imperturbable dans son refus.

Une idée lumineuse vint au secours de Masse ; il offrit à Mutzi deux bracelets, deux boucles d’oreilles, deux miroirs, deux colliers de grains de cristal, et un diadème de laiton doré. Mutzi regarda tous ces merveilleux présents d’un œil de dédain, et conserva son immobilité.

Cependant les matelots des embarcations donnaient des signes d’impatience. Les rames effleuraient la mer calme et changeaient son saphir en gouttes de neige ; tous les regards se tournaient vers le rivage, où les eaux douces et les fruits doux attendaient le marin ; et les jeunes Mendoçaines, filles de l’Océan, folâtraient, à la nage, dans des tourbillons d’écume blanche, en agitant d’une main, au-dessus de leurs têtes, les riches, présents qu’elles venaient de recevoir.

Le capitaine Marchand, qui ne se rendait pas compte de ce retard monta sur le pont, et son premier coup d’œil