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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/346

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seul fleuve coulait devant Ilium, le Scamandre. Le révérend Philipps, de l’université d’Oxford, a engagé à ce sujet une vive polémique ; il a soutenu qu’il avait trois fleuves, le Xante, le Simoïs et le Scamandre. Un troisième savant est survenu et a prouvé qu’il n’y en avait que deux, le Scamandre et le Simoïs ; un quatrième, William Gilbert, a nié ces trois affirmations dans la Revue d’Édimbourg, et a juré sur l’honneur, comme touriste, qu’il n’y avait jamais eu une goutte d’eau douce dans le voisinage d’Ilium, et que le terrain était sec comme le sommet d’Arthur’s Hill au mois d’août. Voilà donc une question d’Orient très-perplexe et fort difficile à résoudre. Si on demande, en Angleterre, au premier savant venu où se trouve l’île antipode sur laquelle le capitaine Cook s’inclina pour ne pas heurter son front contre la grande arche de London-Bridge, plaisanterie sublime ! ce savant vous répondra tout de suite l’île océanique, placée sous le pont de Londres, se rencontre au cinquantième degré de latitude et au cent soixante-seizième de longitude, et à quatre degrés de l’île de Bounty. Ainsi, nous sommes très-bien fixés sur les antipodes, mais on se dispute encore sur le Scamandre et le Simoïs, à quelques yards de Besika, où stationnent douze mille Anglais et deux mille élèves de l’université d’Oxford !

Une note d’une édition de Dryden (1786) laisse supposer que la ville de Troie était bâtie sur une hauteur ; cette assertion est fondée sur ce vers de Virgile :

Trojaque nunc staret, Priamique arx alta maneret.

La note ajoute que toutes les villes fortes n’étaient jamais