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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/347

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bâties en plaine dans les siècles héroïques. Si la note a raison, il est difficile d’admettre qu’Achille ait pû traîner trois fois, derrière son char, le cadavre d’Hector autour des murs d’Ilium ; les accidents de terrain auraient contrarié cette course au clocher, au point de la rendre impossible, surtout s’il y avait eu trois rivières brochant sur les collines et les vallons. Voilà un doute encore très-facile à expliquer, par égard pour la mémoire de Dryden. La société royale de Londres doit avoir, je pense, à Besika, des représentants qui seront descendus à terre, dans les doux loisirs que le prince Menschikoff leur a faits, et auront étudié le terrain. Si la ville de Priam était bâtie sur une colline, comme Dryden le croit, la mémoire du noble Achille sera lavée d’une grave calomnie, vieille de quatre mille ans. Le même éclaircissement venu de Besika, entre deux ultimatum, rendra un égal service à une autre mémoire illustre, en détruisant une calomnie peut-être plus atroce. Hector, le brave Hector est accusé d’avoir pris la fuite devant Achille, comme un conscrit, et d’avoir, toujours en courant, suivi trois fois la circonférence des remparts d’Ilium pour éviter le javelot du fils de Thétis. Lord Byron, travaillant pour son propre compte, fit un jour une expérience tout à fait anglaise : il traversa à la nage le détroit d’Abydos à Sestos pour voir si Léandre n’avait pas menti. — En arrivant, dit-il, je trouvai la fièvre, et ne trouvai pas Hero. Il est fâcheux que lord Byron n’ait pas continué ses expériences dans la Troade. Oh ! s’il eût été à Besika, comme douze mille de ses compatriotes, il aurait fait courir trois fois, à ses frais, le plus agile des matelots autour des ruines, des collines ou de l’emplacement d’Ilium. Il est vrai que,