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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/88

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comme dans l’auréole d’une apothéose, sur l’horizon du ciel indien.

Nous voici au terme de cette expédition. Le résultat de la conquête est facile à deviner. Toute la presqu’île de Bengale est acquise à la France : les peuples du Carnatic et du Dékan sont nos alliés ; les flottes ne nous manqueront pas ; on va se mettre à l’œuvre sur tous les chantiers voisins, au Coromandel, au Malabar, à Maturä. Les peuples des presqu’îles sont tous marins de naissance ; les marins abonderont, comme les vaisseaux. Le Bengale est un navire ancré dans l’océan indien ; sa poupe est l’Himalaïa, sa proue le cap Comorin.

On descendra de si haut pour étendre encore le domaine de la France, et agrandir son glorieux empire du soleil.

L’armée pacifique des arts, cette compagne de la France conquérante, fera aussi son entrée triomphale dans toutes ces villes mortes, autrefois si grandes par les arts ; on fera bien plus et bien mieux que coloniser cette vieille Asie : on lui rendra sa civilisation. Pourquoi ne redeviendrait-elle pas encore ce qu’elle fut autrefois ? Son soleil ne s’est pas refroidi, son océan a toujours son lit de perles, sa terre est toujours féconde, son ciel est toujours bleu, son fleuve toujours grand. Que lui manque-t-il donc à ce pays, berceau de la sagesse et de la poésie du monde ? Il lui manque le souffle intelligent qui réveille. La France garde ce souffle sur ses lèvres ; elle l’exhalera partout.

Il faudra bien enfin exhumer de ses ténèbres cette lumineuse Java, qui a tant de mystères à nous dire, et qui s’obstine à se taire depuis les âges inconnus ; il faudra bien que cette Sicile indienne, avec son volcan de Mara-Api, nous