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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/109

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DU VOIR-DIT.

bonnes nouvelles. Et ad ce que vous me mandés que je vous eſcriſe ſouvent, plaiſe-vous ſavoir que je ne truis mie meſſage à ma volenté, en qui je m’oſe bien fyer : & c’eſt la cauſe pour quoy je n’en envoie mie ſi ſouvent devers vous. Pour ce que je penſe que vous orriés volentiers nouvelles de mon eſtat, plaiſe vous ſavoir que je ſuis en aſſez bon point, & penſe que je chevaucheroie bien ſe il faiſoit un peu plus chaut. Et certes, ſe je avoie voſtre douce ymage, après Dieu & vous je l’ameroie, ſerviroie & obéyroie, & feroie maintes choſes nouvelles en l’onneur de vous & de li. J’ay fait le chant ſur Le grand deſir que j’ay de vous véoir, ainſi comme vous le m’aviez demandé & l’ay fait ainſi comme un Rés d’Alemaigne ; & vraiement, il me ſemble moult eſtranges & moult nouviaus, ſi le vous envoieray le plus toſt que je porray. Par ma foy, vous m’avéz envoiet un trop bon Rondelet & qui trop bien me plaiſt. Ma tres-chiere & ſouveraine dame, je pri Dieu qu’il vous doinſt autant de bien & de honeur comme vous méiſmes le vorriés & comme je le deſire de tout mon cuer.

Voſtre tres-loial ami.


Quant ma dame mes lettres vit,
Savés comme elle ſe chevit
De bon entendement & ſain ?
Sus ſon cuer les miſt en ſon ſein,
Et puis elle n’atendi pas,
Ains s’en ala plus que le pas
En ſa chambre celeément,
Et cloÿ l’uis tout belement ;
Et puis elle les priſt à lire
D’un cuer qui tendrement ſouſpire,
En diſant que j’avoie tort
Et cuer nice, rude & entort,
Quant ainſi de li me doubtoie,