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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/128

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[vers 1614]
LE LIVRE

De Deſir qui vous eſprent.
Amis pour ce l’envoiai-ge
À vous que j’aim loiaulement.

Et s’il fait en vous outraige,
Souffrés debonnairement,
Et baiſiés ſon dous viſaigc.
Amis pour ce l’envoiai-ge,
À vous qui j’aim loiaulment
De cuer, ſans penſer folaige.

L’AMANT.
RONDEL. Et y a chant.

Se mes cuers art, & li voſtres eſtaint,
Dame, jamais ne puis à joie ataindre,
Car li deſir qui à mort m’a ataint,
Se mes cuers art, & li voſtres eſtaint,
Bruyſt mon cuer, & mon viaire taint,
Si que ſans vous m’ardeur ne puet eſtaindre.
Se mes cuers art, & li voſtres eſtaint,
Dame jamais ne puis à joie ataindre.

LA DAME.
RONDEL. Et y a chant.

L’amour de vous qui en mon cuer remaint,
Tres-dous amis, jamais ne puet eſtaindre,
Car ſans ceſſer, en ma penſée maint
L’amour de vous qui en mon cuer remaint.
De nulle riens n’eſt qui tant mon cuer taint,
Si croiſt adès, ne jamais jour n’iert meindre,
L’amour de vous qui en mon cuer remaint,
Tres-dous amis, jamais ne puet eſtaindre.

Après les choſes deſſus dites,
Tant les grandes com les petites,