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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/140

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[vers 1966]
LE LIVRE

« Tant, que dit li as que tu l’aimes ;
« Et auſſi ta dame la claimes.
« Par ma foi ! c’eſt grant ribaudie,
« Grant outrage & fourſenerie,
« De ſi faite choſe entreprendre.
« Qui t’éuſt tantoſt mené pendre,
« Il n’éuſt perdu que la corde ;
« Qu’à ce toute raiſon s’acorde
« Que bien t’en déuſſes garder,
« Quant dignes n’ies dou regarder,
« Ne de penſer qu’elle t’amaſt,
« Comment qu’elle ami te clamaſt.
« Et comment ne te ſouvient-il
« Qu’elle dou tres-mortel peril
« Où tu eſtoies te getta,
« Par les lettres qu’elle ditta ;
« Et qu’elle t’a reſuſcité
« .ii. fois par grant humilité,
« Et te getta hors d’orphenté,
« Et t’a rendu joie & ſanté
« Et ton amoureus ſentement
« Qu’avoies perdu longuement.
« Et ſi t’a fait cointe & gaillart ;
« Et tu eſtoies un paillart
« Et ies, car cuer as nice & rude,
« Plain du pechié d’ingratitude,
« Et chetif, dolereus & las,
« Quant remerciée ne l’as
« Des grans honneurs & des bienfais
« Qui par elle t’ont eſté fais.
« Se tu avoies la vaillance
« D’Ector le fort, & la ſcience
« De Salomon, & la largeſce