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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/152

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[vers 2317]
LE LIVRE

Là demouray .viii. jours entiers,[1]
Que mes chemins & mes ſentiers,
Mes alées & mon eſtude,
(Comment qu’elle ſoit nice & rude),
Eſtoient tuit à li véoir ;
Et j’en faiſoie mon pooir,
Si que, pluſeurs fois, la véoie
Et auſſi ſouvent y failloie.
Mais elle m’avoit en couvent
Qu’elle me verroit ſi ſouvent
Com bonnement elle porroit,
Et non pas quant elle vorroit.
Mais tant com fu là mes ſejours,
Je la véoie tous les jours
En ce vergier cointe & joli
Où elle eſtoit, & moy o li.
Si que la plaiſence amoureuſe
M’eſtoit touſdis plus gracieuſe ;
Car je venoie au matinet
En un doulz plaiſant jardinet,
Et là l’atendoie en liſant
Mon livre, & mes heures diſant ; [App. XXVI.]
Et quant vers moy eſtoit venue,
Elle paioit ſa bienvenue
De Rondel ou de Chanſonnette,
Ou d’autre choſe nouvelette :
Car ſi tres-doucement chantoit
Que ſes dous chanter m’enchantoit.

Un jour delez li me ſéoie,

  1. Péronne l’avoit empêché de finir ſa neuvaine. Il n’étoit reſté en mouſtier ou chapelle que ſept jours.