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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/177

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DU VOIR-DIT.

moy ; mais par Dieu il n’eſt ſi petite choſe au monde, que je ne voſiſſe faire entour vous, tous les jours de ma vie, pour vous veoir & oÿr à mon gré. À Dieu, mon dous cuer, qui me doint joie de vous & de voſtre honneur, & de quanque voſtres cuers aime.

Vostre vray & loial ami.


Lors alay vers ma dame chiere„
À cuer riant, à lie chiere ;
Et par Dieu paoureuſement
Y aloie & couardement.
Ne ſavoie pour quoy c’eſtoit,
Fors qu’Amours le m’amonneſtoit.
Si fis ce rondel en alant,
Pour s’amour, & tout en parlant.

Trembler, fremir & muer me convient,
Si que ne ſay ſouvent que devenir :
Toutes les fois que de vous me ſouvient,
Trembler, fremir & muer me convient.
Douce dame je ne ſay dont ce vient,
Mais, par ma foi, neis d’un ſeul souvenir.
Trembler, fremir & muer me convient,
Si que ne ſay ſouvent que devenir.

Quant je fui venus devant elle,
Tantoſt me priſt la Bonne & belle,
Et m’aſſéï dalez ſa coſte,
Et mon ſecretaire d’encoſte,
Qui de moy partir ſe voloit ;
Dont li cuers forment me doloit.
Car il avoit un gros afaire,
Qu’il li convenoit à chieſ traire.
Quant elle vit qu’il me laiſſa,
Un petit vers li s’abaſſa,