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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/178

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[vers 2901]
LE LIVRE

Et li diſt moult doucettement :
« S’il pooit eſtre bonnement,
« Dous amis, ſe Dieus me ſequeure,
« Moult me plairoit voſtre demeure.
« Car il a tel, bien près de mi,
« Qui en dira ſouvent : « eimi ! »
Il reſpondi : « faire l’eſtuet,
« Car autrement eſtre ne puet :
« Mais toſt revenray, ſe Dieu plaiſt,
« Car là ne feray pas long plait. »

Il s’en ala, je demouray,
Et les tres-dous biens ſavouray
De ſon ueil, de ſon douz viaire,
Qui doit à tous deſſus tous plaire,
En gariſſant les dolereus
Qui ſont plein de mauls amoureus.
Donné me furent à plenté,
Et de ſi bonne volenté,
Si bien, ſi bel, ſi largement,
Et ſi tres-amoureuſement,
Que mieus ſouhaidier ne déuſſe.
Et, certainement, ſe je fuſſe
Le plus parfais de tout le monde,
Et ſe tout l’or qui y habonde
Fuſt miens, en deniers tous contans,
Devoie-je eſtre bien contens.
Et s’aucuns dit que je me vante,
Je n’en donne le vent qui vente,
Car les biens que je ſavouroie
Venoient dou treſor de joie
En qui tout li bien ſont compris.
S’en di ce que j’en ay compris.