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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/179

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DU VOIR-DIT.

Son bel acueil enhardiſſoit
Mon cuer, qui pour li gemiſſoit ;
Sa douceur fine adouciſſoit
Mes tres-dous maus & gariſſoit ;
Son ueil ſur moi reſplendiſſoit
Et doucement me nourriſſoit ;
Son doulz parler m’aſſagiſſoit ;
Par le bien que de li iſſoit ;
Sa bonté me benéiſſoit ;
Son noble cuer m’anobliſſoit ;
Sa franchiſe m’affranchiſſoit,
S’umilité m’aſſerviſſoit,
Ne riens nulle n’amenriſſoit
Son tréſor, pour bien qui cy ſoit.[1]
Si qu’on n’en doit pas faire eſpergne :
Qu’il n’a ſi eſtrange en Auvergne,
S’il fuſt lés ma dame preſens
Qui héu n’euſt de ſes preſens,
Et enrichis de ſa largeſſe.
Si que je di que c’eſt richeſſe
Qui mouteplie & adès croiſt,
Ne pour donner pas ne deſcroiſt.
Doit-on bien dont tel dame amer
Qui puet garir les maus d’amer,
Et fait ceſſer toute dolour,
Sans penſer vice ne folour ?
Et cils qui mal y penſeroit,
Traïtres & mauvais ſeroit ;
Qu’au monde n’a tel meſpriſon
Ne ſi mortele traÿſon
Com d’eſtre privés anemis.

  1. Son tréſor. Son honneur.