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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/180

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[vers 2964]
LE LIVRE

Or dira : « Je ſuis vos amis, »
Et par ce, la vorra traÿr !
Hé Dieus ! qu’on doit tels gens haÿr,
Qui penſent tele deshonnour,
En ſigne de paix & d’onnour !
On devroit telz gens à chevaus
Traïner par mons & par vaus.
Une dame tant fort vaillant,
À dire voir, n’a plus vaillant
Que s’onneur, & s’elle la pert[1]
Chaſcuns dira tout en apert :
« Vés-là celle qui ſe fourfiſt. »
Or regardés dont quel profit
On puet avoir de tels gens ſievre :
Ou monde n’a ſerpent ne wivre,
Dont on n’éuſt grigneur meſtier
Que de gens de ſi vil meſtier. [App. XXXVII.]
N’en monde n’a ſi grant ſigneur
Qu’on priſe rien, s’il n’a honneur.
Pléuſt à Dieu qui à droit juge
Que je fuiſſe de tel gent juge
Qui penſent teles villenies ;
Mais ils perderoient les vies
Et morroient de mort honteuſe
Dure, diverſe, & angoiſſeuſe ;
Et perdroient corps & avoir,
Sans jamais bien ne joie avoir.

Comment ha uns homs hardement

  1. On voit que cette longue tirade eſt faite pour être attentivement lue de la dame & pour la maintenir en ſécurité contre l’indiſcrétion de celui auquel elle ne refuſe rien.