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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/186

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[vers 3111]
LE LIVRE

Voloit ; & on là me tenoit[1]
Trop plus qu’à moy n’appartenoit.
De chevaliers, de damoiſiaus,
D’aler aus chiens & aus oiſiaus,
Ne convenroit-il pas parler :
Tous les jours y pooie aler
Avec mon ſigneur ſouverain,
Que j’aim ſur tous, par ſaint Verain ![2]
Car moult de biaus dons me donna,
Et le ſien moult m’abandonna.
Mais ſe j’éuſſe l’abondance
De tous les biens qui ſont en France,
Ne fuſſe-je pas aſſevis
Ne ſaoulés à mon devis,
Quant véoir ne pooie celle
Qui eſt de tous les biens ancelle.

Là demouray près de quinſaine.
Mais au meins, chaſcune ſemaine,
J’envoioie vers Toute-belle
Pour ſavoir aucune nouvelle
De ſon eſtat, de ſa ſanté
Et de ſa bonne volenté.[3]
Car ſouvent de li me doubtoie,
Et ſouvent m’en aſſéuroie,
Enſi com mes entendemens
Faiſoit ſes divers jugemens.
Si que pour mieus ramentevoir

  1. Voloit. On chaſſoit au vol : « On tenoit de moi plus de compte qu’à moi n’appartenoit, ſans parler de chevaliers, de damoiſeaux, de chaſſe aux chiens & aux oiſeaux. »
  2. Saint Véran, évêque de Lyon au ſixième ſiècle.
  3. De ſes bonnes diſpoſitions pour moi, dont je n’étois pas bien ſûr.