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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/20

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iv
NOTICE

réclamoient pas les devoirs religieux à lire des hiſtoires anciennes & des romans ; à apprendre & même à compoſer des vers ; à chanter les plus beaux airs faits ſur virelais, rondeaux & balades. Elle étoit belle, avoit l’eſprit ouvert, l’imagination vive & de grandes diſpoſitions pour la muſique. Dans ce temps-là, la plupart des bonnes maiſons entretenoient un clerc, chargé d’écrire bien, & surtout liſiblement, tout ce qu’il plaiſoit aux maîtres de dicter ou de griffonner : Peronnelle d’Armentières avoit donc un ſecrétaire chargé de cet emploi. On le nommoit Henry : il étoit fort au courant des choses du ſiècle &, depuis longtemps, grand ami de meſſire Guillaume de Machaut, chanoine de l’égliſe de Reims. Henry admiroit beaucoup les ouvrages de ſon ami ; ſes dits, ſes lais, ſes rondeaux, ſes balades. Guillaume, diſoit-il à la demoiſelle d’Armentières, avoit longtemps chanté dans ſes vers une noble dame ; mais il étoit revenu de cette paſſion. Il vivoit noblement étant bien gentilhomme ;[1] ſon père avoit été chambellan

  1. Les Machaut, ou Machault, qui ont ſouvent occupé dans les ſiècles ſuivans les premières charges de la magiſtrature, appartenoient à la même race. Ils ſont aujourd’hui repréſentés par Mme la marquiſe de Vogüé, dont le fils, comte Melchior de Vogüé, membre de l’Inſtitut, eſt en ce moment notre ambaſſadeur près la Sublime-Porte. On conſerve dans la maiſon de Vogüé un ſuperbe manuſcrit des poéſies de notre Guillaume, que M. le marquis de Vogüé a bien voulu me communiquer. Mais le Voir-Dit ne s’y trouve pas.