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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/209

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DU VOIR-DIT.

Fors que les uevres de nature ;
Tant belle, qu’onques créature
Ne pot eſtre à li comparée ;
Tant en fu richement parée.
Lors par mon droit nom m’apella
Et diſt : « Amis eſtes-vous là ? »
Je dis : « Oÿl, ma douce amour ;
« Mais j’ay grant doubte & grant cremour,
« Pour voſtre pais, qu’aucuns ne veingne. »
Et elle diſt que riens ne creingne,
Car nuls n’y vient s’on ne l’apelle.
Ainſi m’aſſéura la belle.
Quant je vi ſa coulour vermeille,
Et ſa biauté qui n’a pareille,
Son dous vis, ſa riant bouchette,
Douce plaiſant & vermillette,
Et ſa gorge polie & tendre,
Je m’agenouillay ſans attendre
Et encommençay ma prière,
À Venus, par ceſte manière :

« Venus, je t’ay tousjours ſervi,
« Depuis que ton ymage vi ;
« Et dès lors que parler oï
« De ta puiſſance ;
« Et pour ç’humblement te depri,
« Que vueilles oïr mon depri,
« Et que tendes ſans nul detri
« À m’aligence.
« Car je voy ci en ma preſence

    deux un peu plus atournés ; Machaut, comme on va voir, p. 158, n’y eſt pas même débarraſſé de ſon ſurcot.