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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/225

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DU VOIR-DIT.

« Car on va mal ſéurement,
« Tu le vois bien, en ceſte marche.[1]
« Et fier cheval des eſperons,
« Par quoy plus toſt nous en alons.
« Je te le di pour le milleur.
« En ce paÿs ſont tuit pilleur,
« Qui prennent les gens & detiennent
« Et robent ; ne ſay dont il viennent,
« Et s’en tuent, car en leur ombre[2]
« Chaſcuns à mal faire s’aombre.
« Di-je chaſcuns ? je ment, ſans faille,
« Car il n’eſt regle qui ne faille ;
« Mais pluſeurs avec eus ſe mettent,
« Qui de leurs euvres s’entremettent. »
S’avoie .iiii. contre ſept ;[3]
Tant que je vins à mon recept.
Et quant je vins en ma chambrette
Qui eſtoit belle & gente & nette,
Petit doubtay la pillerie
De ces pilleurs, que Dieus maudie !
Car, là fui fermes & ſéurs,
Sans plus doubter leurs meſéurs.
Et à moy acquitter penſay
Si qu’ainſi mon lay commenſay.
Quant il fu ſais, je le tramis
Si com je l’a voie promis ;
Et tout ainſi comme dit ay
Vers Eſperance m’acquitay.

  1. On court grand riſque ſur ce chemin.
  2. Et ils en tuent ; car ſous leur couvert, &c.
  3. Nous étions quatre « contre ſept ». Apparemment qu’ils voyoient non loin d’eux.