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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/226

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[vers 4106]
LE LIVRE

LAY et y a chant.[1].
I

Longuement me ſui tenus
De faire lais ;
Car d’amours eſtoie nus.
Mais, deſormais,
Feray chans & virelais ;
J’y ſuis tenus :
Qu’en amours me ſuis rendus
À tousjours-mais.

S’un petit ay eſté mus,
Je n’en puis mais ;
Car pris ſuis & retenus
Et au cuer trais,
Tout en un lieu, de .ii. trais
D’uns yeus fendus[2]
Vairs, poingnans, ſès & agus,
Rians & gais.

II

Car ma dame que Dieus gart
Pour un dous riant regart,
D’ardant Deſir fiſt un dart,

  1. Guillaume de Machaut paſſoit pour avoir excellé dans la compoſition des lais, dont les règles étoient des plus difficiles à obſerver. Il y a donc un certain intérêt à voir un de ceux qu’il croyoit apparemment avoir le mieux faits. En voici les règles d’après Euſtache Deſchamps : « Il y faut avoir douze couples, chaſcune partie en deux, qui font vingt-quatre. Et eſt la couple aucune fois de huit vers, qui font ſeize ; aucune fois de neuf, qui font dix-huit, aucune fois de dix qui font vingt, aucune fois de douze qui font vingt-quatre de vers entiers ou de vers coppez. Et convient que la taille de chacune couple à deux paragraphes ſoit d’une rime différente, d’une double couple à l’autre, excepté que la dernière couple de douze qui font vingt-quatre ſoit de pareille rime & d’autant de vers ſans redite comme la première. » Nous allons voir que Machaut a très-exactement obſervé ces règles compliquées.
  2. Comme s’il y avoit « d’une paire d’yeux. »