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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/262

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[vers 4789]
LE LIVRE

lieu où je me deſtourne de la gent, pour ce qu’il ne me deſtourbent de penſer à vous ; & en ſont aucune fois ma ſuer & les gens de l’oſtel bien esbaÿs de ce que je me tiens ſi volentiers toute ſeule. Car je ne l’avoie pas accouſtumé & je ne m’en puis tenir ; tant me plaiſt de penſer à vous. Mon dous cuer, ma ſeur ſe recommande à vous aſſez de fois & vous deſire moult à véoir. Elle vint à moy quant je faiſoie ces lettres & me demanda ſe j’eſcrivoye à mon amy & je luy reſpondi que oïl ; & elle me diſt : « Recommandez moy à luy beaucoup de fois ; car, par Dieu, je le véiſſe volentiers. » Et je vous pri, mon dous cuer, que vous me recommandés à voſtre frère & au mien ; car par ma foi, c’eſt un des hommes du monde que je deſire plus à véoir après vous. Mon dous cuer & mon dous ami, je pri à Noſtre ſeigneur qu’il vous doinſt honneur, pais, ſanté & joie, de quanque voſtre cuer aimme ; ſi, y partiroie. Eſcript le diemenche devant la mi-aouſt.

Voſtre loyal amie.


Ceſte balade encor encloſe
Fu en ſa lettre, & ſi ſuppoſe
Que de ſa main eſcrit l’avoit,
Ainſi com eſcrire ſavoit.

BALADE.

Puis que tant à languir ay,
Pour vo longue demourée,
Tres-dous amis, je prendray
Grand confort en la penſée
Que loyaulement ſuis amée
De vous, auſſi vous affie ;
Car le bien amer renvie.

Et ſi toſt com je verray,
Amis, voſtre retournée,