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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/263

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DU VOIR-DIT.

La dolour oublieray
Que j’ay longuement portée.
De tous maus ſeray ſanée,
Et diray à chiere lie
Que le bien amer renvie.

Et auſſi je gariray
Doucement à recelée,
La dolour qu’en vo cuer vray
Eſt par Deſir engendrée.
Là ſera joie doublée
Et verrés un cuer d’amie
Que le bien amer renvie.

Or avés-vous oÿ comment
Celle qui m’a en ſon comment
M’envoia lettres & joiaus,
Et reliques & dis nouviaus.
Et certes je les aouroie,
Et ſi richement les tenoie
Comme ce fuſt mon dieu terrien.
Brieſment je n’amoie tant rien,
Fors que ma dame ſeulement ;
Et à toute heure vraiement
Si près de mon cuer les mettoie
Et de mon corps, com je pooie ;
Car la douceur qui en iſſoit
Si doucement me nourriſſoit,
Que c’iert ma plus grant nourreture,
Qui venoit de plaiſance pure.
C’eſtoit ce qui me ſoubſtenoit
Et qui en vie me tenoit.
C’eſtoit mon cuer, c’eſtoit ma joie,
C’eſtoit quanque je deſiroie ;
Si que je puis compariſon