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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/265

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DU VOIR-DIT.

Car, foi que je doy ſaint Remi,
Sa grant biauté me rajoueniſt,
Car de mon cuer nulle fois n’iſt ;
Et, par ymagination,
En voy touſdis l’impreſſion ;
Dont j’en fais oeuvre de joneſce,
Et s’ay touſdis en moy léeſce,
Et l’eſperit juene & legier :
Ce fait tous mes maus alegier ;
Comment que nuls ne puet faillir
Qu’il puiſt vivre ſans enviellir.
Car à Nature chaſcuns paie
Son droit, ſon tréu & ſa paie ;
Et qui autrement le feroit
Nature trop s’en plainderoit.
Mais ma dame, de ſa nobleſſe,
Le fait comme mere & déeſſe
Que j’aim, aour, criem & deſir,
Et en qui ſont tuit mi deſir.

Longuement ainſi demouray,
Que je ne gemi ne plouray ;
Car ainſi vivre me plaiſoit
Tant que riens ne me deſplaiſoit,
Qui d’elle me péuſt venir.
S’en laiſſoie Amours convenir ;
Pour ce que j’eſtoie aſſevis
De toute joie à mon devis,
Fors itant que pas ne véoie
Ma douce dame ſimple & coie,
Et qu’elle s’eſtoit departie,
Pour cauſe de l’épidimie,
Dou lieu où fu ſa demourée ;