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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/276

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[vers 5174]
LE LIVRE

« Ainſi ay tous maus à toute heure
« Et ſi ne truis qui me ſequeure.

« Mais une choſe trop m’anoie :
« Qu’on quiert tant à avoir monoie,[1]
« Qu’il me faut paier quarantieſme,
« Trentieſme, vintieſme, treizieſme,
« Et auſſi trois fois le diſieſme,
« Huitieſme, ſiſieſme, cinquieſme,
« Et encor parl’-on du deuſieſme,
« Voire, par Dieu, & du centieſme ; [App. LX.]
« Les blez & les vins ſont faillis,
« Dont li pueples eſt mal baillis,
« Si que Dieus d’amont nous guerrie ;[2]
« Et li Papes ne s’en ſeint mie.
« Li diables atiſe la guerre,
« Auſſi fait li rois d’Engleterre. [App. LXI.]
« Or y revient la Grant-compagne[3]
« Qui va juſques en Alemaigne.
« Mais trop me pleing de l’Archepreſtre,
« Et des Bretons qui font le meſtre
« Si, que li païs eſt pilliés,
« Tous gaſtés & tous eſſiliés.
« Avec ce, li leu nous menguent,
« Qui nous eſtranglent & nous tuent ;
« Et s’eſt ſi grans mortalités
« En bours, en villes, & en cités,
« Et tout par tout le plat païs,

  1. Le poëte revient bruſquement à un autre ſujet politique.
  2. Le Dieu d’en haut, comme le déclare le Pape.
  3. La Grande Compagnie.