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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/277

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DU VOIR-DIT.

« Que chaſcuns en eſt esbahis.
« N’ame n’oy qui ne prophetiſe
« Pis pour le pueple & pour l’egliſe ;
« Si que trop ſerons accoupis,
« Quant chaſcuns dit : Vous arés pis.
« À cy dolour & meſchéance,
« À cy meſchief & peſtilence,
« Et qui le porra endurer,
« Ne comment porra-on durer ?
« Certes les dis plaies d’Egipte,
« Contre ce, fu choſe petite ;
« Car li egiptien eſperoient
« Qu’après le mal bon temps aroient,
« Ainſi com fait l’omme ſauvage,
« Quant il voit plouvoir ou boſcage,
« Il eſpoire qu’il ſera bel ;
« Pour ce chante & eſt en revel.
« Mais nous vivons en eſperance
« D’avoir adès plus de grevance,
« Et c’eſt la conſummation
« Et fin de no deſtruction,
« Se Dieus de ſa grace n’i euvre :
« Si m’aten à lui de ceſte euvre.
« Car s’il a la choſe baſtie,
« D’omme ne puet eſtre garie.
« N’eſtre miſe à point nullement,
« S’il ne vient de li proprement.

« Mais toutes ces maléurtés
« Ces peſtilences, ces durtés,
« Ne font à moy ne froit ne chaut :
« Car, par ma foi, il ne m’en chaut.
« Mais ce me fait pene & anoy