Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xii
NOTICE

vide eſtoit celle de Machaut poethe renommé ; laquelle eſtoit… toute faicte d’argent fin, & à l’entour avoit eſcript en eſmail bleu, vert & viollet, chançons bien notées, virelais, ſervantois, lais & motets, en diverſes façons ; & pareillement avoit eſcript en forme d’épitaphe :

« Guillaume de Machau, enſi avoye nom,
Né en Champaigne fus, & ſi eus le renom
D’eſtre fort embraſé de penſer amoureux,
Pour l’amour d’une Voir, dont pas ne fus heureux,
Ma vie ſeulement, tant que la peuſſe voir. »[1]

C’eſt-à-dire, je ſuppoſe : « que je n’eus pas une ſeule fois dans ma vie le bonheur de voir, » & cela prouve aſſez bien que René n’avoit pas lu notre poëme.

Mais à compter de l’époque dite de la Renaiſſance littéraire, (laquelle eut au moins le tort de faire oublier les meilleures productions de l’ancienne poéſie françoiſe), on ne parle plus de Guillaume de Machaut, auparavant ſi célèbre ; & comme, en ſa qualité de clerc, il n’avoit pas laiſſé d’enfans, les généalogiſtes ne l’ont pas même compté parmi les membres de la noble famille du même nom, dont il auroit pu relever

  1. Œuvres du roi René, publiées par M. le comte de Quatrebarbes. 1846, p. 128.