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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/29

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xiii
SUR LE POËME DU VOIR-DIT.

encore le luſtre. Ainſi, comme l’a ſi bien dit le grand poëte florentin :

La voſtra nominanza è color d’erba
Che vieni e va, e quei la diſcolora
Per cui ell’ eſce della terra acerba.

(Purgat., canto xi.)

Mais il nous ſuffit d’avoir conſtaté la haute eſtime des contemporains, pour juſtifier ou du moins faire excuſer la paſſion que Guillaume de Machaut avoit inſpirée & qu’il a racontée dans le Voir-Dit.


Le devoir de l’éditeur de cette œuvre originale eſt maintenant d’aborder un certain nombre de queſtions qui, non réſolues, diminueroient beaucoup l’intérêt & l’agrément qu’on y doit trouver. Machaut, qui a dit tant de choſes, a pris ſoin de taire le nom de la jeune dame qui l’avoit inſpiré, le temps où le poëme fut écrit, les lieux où s’étoient paſſées les aventures, enfin, l’âge auquel il étoit alors parvenu lui-même. Je dois dire comment j’ai eu la bonne fortune de découvrir au moins une partie de ce qu’il avoit jugé à propos de ne pas dévoiler.

Dans le dernier de ſes poëmes, la Priſe d’Alexandrie, il dit qu’il avoit été le nourri & le ſerviteur, durant trente ans, du roi de Bohême,