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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/286

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[vers 5455]
LE LIVRE

« Quant j’ay tel conſeil à ma court.[1]
« Si te convient à ce venir
« Que laiſſes Amours convenir.
« Se tu le fais, bien t’en venra,
« Et eſpoirs qu’il t’en meſcherra ;[2]
« Car pour un à qui bien en chiet,
« À .iiii. ſouvent en meſchiet. »

Et quant on li oÿ ce dire,
Chaſcune & chaſcuns priſt à rire,
Dames, chevaliers, damoiſiaus…
Et ſi avoit un chien d’oiſiaus[3]
Qui priſt ſi fort à abaier
Qu’il m’eſveilla ſanz délaier.

Et quant je fui bien eſveilliez,
Bonnes gens, ne vous mervilliez
Se je fui esbahis forment,
Quant véu avoie, en dormant,
Les merveilles que dit vous ay.
Adonc durement goulouſay,
À ſavoir ſe ma doulce ymage
Tourneroit vers moy ſon viſage.
Si alumay de la chandelle,
Et vins à genous devant elle,
Et la regarday longuement.
Mais il me ſembla vraiement
Que ſi doulcement me rioit

  1. C’eſt-à-dire je crois : il ne faut pas t’étonner de mon bon renom, quand j’ai pour me conduire des conſeillers tels qu’Ariſtote, &c.
  2. Eſpoirs, peut-être.
  3. Un chien de chaſſe pour les oiſeaux.