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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/287

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DU VOIR-DIT.

Que mon cuer d’amer desfioit.[1]
Si qu’adonques bien eſprouvay
Mon ſens, quant ainſi la trouvay.
Car clerement vi que mon ſonge
N’avoit riens de vray fors menſonge.

Mais ains que je fuſſe levez,
Uns vallés vint tous abrivez,
Qui fort hurté à ma porte ha,
Et une lettre m’apporta
De ma tres-doulce dame chiere.
Je la reçus à lie chiere,
Et puis je la lus ſans attendre,
Si come vous porrez entendre :


XXIX. — Mon cuer, m’amour & mon tres-dons amy, plaiſe-vous ſavoir que je ſuis en bon point, la merci Noſtre ſeigneur, qui ce vous otroit ! Et ſuis où vous ſavez, dès le xxe jour d’aouſt.[App. LXIII.] Et cuidoie que nous déuſſions tantoſt partir à aler ailleurs ; mais on nous diſt qu’il y avoit grant foiſon de gens d’armes & d’anemis tout à l’environ & n’y oſoit nuls aler. Et pour ce, n’y avons-nous point eſté encor : mais nous partiſmes environ .xvii. jours après que nous fuſmes là venus, pour aler en Brie, pour véoir les maiſons de mon frere que ma ſuer n’avoit onques-mès veues.[2] Et avons là demoré xv jours entiers, & ay eſté à ſi grant ennuy que onques choſe ne m’anuya tant. Et ſi avoie des esbatemens biau cop ;[3] car en tout le chemin on ne faiſoit que

  1. Qu’elle défioit mon cœur au combat amoureux.
  2. C’étoit apparemment la terre de Vielmaiſons en Brie, qui appartenoit à la maiſon de Conflans. Un fils de Jean, beau-père de Peronnelle, l’aurait alors reçue de ſon père, à l’époque de ſon mariage.
  3. Des divertiſſements.