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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/296

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[vers 5536]
LE LIVRE

je vous en envoie copie, ce ſeroit longue choſe à faire & ſi, ſeroie moult courreciez s’il eſtoit perduz au chemin. Si le vous porray envoier par le chapellain de voſtre frere. Et en ay plus fait depuis la Magdeleine que je ne cuidoie faire en un an entier, Je vous envoie la laiette que vous me baillaſtes au partir de vous, & tout ce qui eſt dedens, car tout eſt mis par ordre dedens voſtre livre.[1] Ma douce amour, je vous remercie de vos dignes & precieuſes reliques, de voſtre fermail, de vos paternoſtres & de voſtre belle balade. Je vous envoieray la pareille par le premier qui ira vers vous. Je vous envoie un rondel noté, dont je fis pieça le chant & le dit. Sy y ay fait nouvellement teneure & contreteneure.[App. LXIV.] Si, le vueiliiez ſavoir,[2] car il me ſemble bon. À Dieu, mon tres-dous cuer, qui vous doint joie, pais, honneur & ſanté, ſi come mes cuers le deſire.

Voſtre loial amy.


Quant ma dame mes lettres vit,
Amours, qui maint cuers aſſevit
De grant joie & de grant doulour,
Mua tellement ſa coulour
Qui eſtoit vermeille & roſine,
Qu’elle devint pale & terrine.
Si ſe geta ſeur une couche
Com celle qu’Amours au cuer touche,
Et qui durement ſe complaint.
Si, dit ainſi en ſon complaint :[3]

Dous amis, que t’ay-je meffait ?I.

  1. Cette layette contenoit apparemment les vers & les lettres que la demoiſelle avoit reçus de Machaut, & dont celui-ci avoit beſoin pour joindre à ſon livre.
  2. Apprendre.
  3. Peronne va répondre au lai de ſon ami, par une complainte éga-