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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/297

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DU VOIR-DIT.

De cuer, de penſée & de fait
Ay touſdis ta volenté fait,
Sans deshonnour ;
Car je t’aim de cuer ſi parfait,
Que tout me ſemble contrefait
Quant je te voy que Dieux parfait
En toute honnour.
Et tu fais teindre ma coulour,
Et tiens mon cuer en grant dolour,
En dueil, en triſteſſe & en plour.
Oy mes ſouſpirs, oy ma clamour,
Voy la peine, voy le labour
Qui mes cuers trait.

Tu dis que longue demouréeII.
Fait changier amy & amée,
Mais quant tu m’as bien eſprouvée,
Il m’eſt advis
Que pas ne m’as faulſe trouvée.
Qu’onques Jaſon belle Medée,
Ne Dido de Cartage Enée,
N’auſſi Byblis
Cadmus[1], né Helaine Paris,
N’amerent tant, ſoies-ent fis,
Com je t’aim. À Semiramis
M’as comparée,
Et dis qu’ailleurs mes cuers eſt mis :
Mais ainſois, mons & vaus unis
Seront, qu’à ce, tres-dous amis,
Aie penſée.

Tres-dous amis, quant ç’avenraIII.
Que mes fins cuers te changera,
Li ſolaus jamais ne luira
Là-fus amont ;

    lement compoſée de douze couplets, mais moins heureuſement faite. Encore ſe peut-il que Machaut l’ait retouchée.

  1. Ou plutôt : Caunus.