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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/298

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[vers 5580]
LE LIVRE

Ne lune nuit n’alumera,
N’eſtoile ne reſplendira,
N’arbre en terre ne verdira,
Dont il eſt moult ; [App. LXV.]
Car par tout tenebres ſeront,
Toutes yaves retourneront,
Li Signe ſe combateront,
Mer ſechera,
Les pierres par l’air voleront,
Les .iiii. elemens fineront,
Et Nature par tout le mont
Toute faura.

L’amour des déeſſes de merIV.
Conquiſt Ulyxes, par rouver
Et par courtoiſement parler,
Et doucement ;
Mais ne te puis aſſéurer,
Pour fiancier ne pour jurer,
Pour doulceur ne pour toy amer
Tres-chierement !
Amis, tu m’aimes vraiement
Et dis que c’eſt tres-loiaument ;
Mais c’eſt pour moy donner tourment
Et tout amer,
Quant tu me meſcrois tellement :
S’en criem morir prochainement.
Se Venus ne fait autrement
Ton cuer muer.

À Venus en feray la plainteV.
Qui ſcet que ma douleur eſt tainte,
Et que j’ay plouré larme mainte
Par ſon deſroy ;
Car elle m’a, par ſa contrainte,
Enyvré d’amour & enceinte,
Si devroit oïr ma complainte
En bonne foy.
S’elle y pourvoit, à li m’ottroy,