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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/328

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[vers 6736]
LE LIVRE

Qui furent en ma lettre encloſes ;[1]
Et furent miſes par eſcript :
.T. fiſt devant, plus n’en eſcript ;
Et le mieus & le plus qu’il pot,
Print toute la greſſe du pot,
Si qu’il ot aſſez l’aventage
De faire millour ſon potage.
Et je reſpondi par tel rime
Et par tel metre come il rime.
Et ſi ay fait les chans tous .iiii.
Pour elle deſduire & esbattre :
Ne homs vivans tant fuſt amis
N’es avoit, quant je li tramis ;
Car pour elle eſtoit jà li fais
De ces .ii. dis, lonc temps a, fais.
Or ay fait le chant ſi preſent ;
Pour ce humblement li preſent.

BALADE. Et y a chant.
THIBAUT.

Quant Theſéus, Hercules & Jaſon
Cerchierent tout, & terre & mer profunde,
Pour acroiſtre leur pris & leur renon,
Et pour véoir bien tout l’eſtat dou monde,
Moult furent digne d’onnour :
Mais, quant je voy de biauté l’umble flour,
Aſſevis ſuis de tout, ſi que par m’ame,
Je voy aſſez puis que je voy ma dame,

  1. La ballade de Thibaut Paien & la ſienne qui vont ſuivre. On verra qu’elles ſont faites ſur les mêmes rimes & de la même meſure. C’étoit une lutte poétique dans laquelle Machaut avoit bien voulu laiſſer à ſon concurrent tout l’avantage, & la facilité, comme il dit, de « prendre toute la graiſſe du pot. » Quel étoit ce Thibaut Paien ? L’auteur inédit des