Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[vers 6930]
285
DU VOIR-DIT.

« Que vous vous metez en peris,
« Où pluſeurs ont eſté peris.
« Les anemis de toutes pars
« Sont parmy le païs eſpars,
« Qui font grans & petis ounis ;[1]
« Cui il tiennent il eſt hounis.
« Trop ſont faus & mauvais leur tour ;
« S’il vous tiennent en une tour
« .iii. jours ou .iiii. durement,
« Vous ſerez mors certeinnement ;
« Car vous eſtes un tenres homs :[2]
« Pour ce l’aler n’eſt pas raiſons,
« Ne vo dame mais n’aroit joie
« S’il vous meſchéoit en la voie.
« Ne véez-vous comment il vente ?
« Gens, maiſons & clochiers cravente ;
« N’on n’oſe venir ne aler,
« Pour les tieules qu’on voit voler,
« Pour le vent qui ainſi les ſouffle
« Par ſon fort & merveilleux ſouffle.
« Il a des ans plus de .l.,
« Voire, par Dieu, plus de .lx.,
« Que li temps ne fu ſi divers. [App. LXXIII.]
« Et ſe commence li yvers,
« Glaces, neiges & grans froidures,
« Qui vous feront à ſouffrir dures.
« N’i a ſi dur ne ſi juene homme
« Qui ne les doubte, c’eſt la ſomme.
« Or vous voulez mettre au chemin !
« Honnis ſoie s’o vous chemin.

  1. Pour leſquels grands & petits ſont tout un.
  2. Un homme de complexion délicate.