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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/343

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DU VOIR-DIT.

« Les cheſnes, les cèdres, les pins,
« Les amendeliers, les ſapins,
« Et tous les arbres s’enclinoient,
« Quant ſon tres-dous chanter ooient ;
« Et venoient à li faire ombre,
« Quant elle a chaleur qui t’encombre.
« Retourner faiſoit les rivieres ;
« Les belles ſauvages & fieres
« Faiſoit à ſon chant arreſter,
« Ne n’y povoient contreſter ;
« Les nymphes des bois & des champs
« Souvent danſoient à ſes chans,
« Et en biers li juene enfançon[1]
« Entendoient à ſa chanſon.

« Mais de Circé l’enchantement,
« Ne de Piquus le hardement,
« Ne de Canéus le chanter,
« Ne porroient ſi enchanter
« Le vent, le froit & les compaignes
« Qui ſont au bois & aux champaignes,
« Que vous menaſſent là ſéur,
« Sans avoir aucun mal éur.

« Se vous eſtiez or ſur la roche
« Dou jaiant qui les nés arroche
« Des grans pierres & des grans cros ;
« Tant eſt fors, orguilleus & gros,
« Que les nefs periſt & affonde
« Dedens la haulte mer parfonde,

  1. En biers : dans leurs berceaux.