Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
[vers 7076]
LE LIVRE

« Et quanqu’il attaint il cravante,
« Pour paiſtre ſa gueule ſanglante :
« Quant les hommes prent, il les tue,
« Puis les deveure & les mengue,
« Si que li ſans aval degoute
« Parmy ſa barbe goute à goute :
« Trop eſt plains de deſloyauté
« De traïſon, de cruauté :
« À paine riens ne li eſchape,
« Trop eſt chetis cil qu’il attrape ;
« Car riens ne li puet eſchaper
« Qu’il puiſt tenir & attraper.
« S’a crine loçue & diverſe[1]
« Pingne des gros dens d’une herſe ;
« Un ſeul oeil a enmy le front
« Grant & gros, orrible & parfont,
« Com feu rouge eſt ſoubz la paupiere,
« À plus dou tour d’une paviere ; [App. LXXIV.]
« Si ſorcil ſont de tel façon
« Comme la pel d’un hericon.
« Ou crues de ſon nez ſe j’eſtoie
« Tous armés, bien y muceroie.
« La barbe eſt au corps afferans,
« Qui reſſemble dens de cerens,[2]
« Qu’elle eſt poingnant & rude & groſſe.
« Sa bouche reſſemble une foſſe,
« Puant com charoigne des mors
« Qu’il a mengié, ocis & mors.
« Quant aſſis eſt deſſus ſa roche
« Un pin tient dont ſes beſtes croche ;

  1. Loçue. Ce mot doit répondre à orde, ou gluante.
  2. Cerens, ou ſerres, ſcie.