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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/35

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xix
SUR LE POËME DU VOIR-DIT.

core aujourd’hui : ſes parens, ſon pays, ſes voyages : & combien toutes ces choſes étoient-elles plus frappantes dans le temps où parut le Voir-Dit ! »

M. Proſper Tarbé s’eſt rangé aveuglément de l’avis de M. de Caylus, tant il lui étoit doux d’ajouter un ſi beau nom aux gloires poétiques de la Champagne. Cependant Agnès d’Évreux, ſœur de Charles le Mauvais, n’étoit pas préciſément Champenoiſe ; mais, en tout cas, notre chère province ne perdra rien à ceſſer de voir en elle la maîtreſſe de Guillaume de Machaut, un autre nom vraiment champenois réclamant la place que la princeſſe de Navarre n’avoit pas occupée.

Il eſt vrai que Guillaume de Machaut a, dans la plupart de ſes ouvrages, inſéré l’anagramme de la dame qui les inſpiroit ou du prince auquel il les adreſſoit. Mais aucun de ces jeux d’eſprit ne ſauroit donner le nom d’une Agnès ſoit d’Évreux, ſoit de Navarre, ſoit de Champagne ou de Foix. Le dernier anagramme du Voir-Dit déſigne aſſurément la dame qui en eſt l’héroïne, & l’on ne peut y trouver rien de commun avec le nom d’Agnès de Navarre. On voit bien auſſi que cette dame avoit momentanément ſéjourné en Brie, en Champagne, à Paris ; mais ces indications locales, éparſes dans le poëme, ne nous ſont pas d’un bien grand ſecours ; elles