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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/372

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[vers 7723]
LE LIVRE

Et qui plouroit moult tendrement,
Et ſouſpiroit parfondement ;
Et qui eſſuioit de ſa crine
Ses yeux, ſa face & ſa poitrine ;
Et diſoit : « Laſſe ! empriſonnée,
« Et en .ii. coffres enfermée
« Sanz départir, ſire, m’avez,
« Et nulle cauſe n’y ſavez.
« S’on vous a donné à entendre
« Qu’ailleurs voſtre dame vuet tendre,
« Amy, qu’en va, qu’en puis-je mais ?
« Li fai-je faire ? nennil. Mais
« Vous créez trop legierement ;
« Si, vous en venra tellement
« Que brieſment vous en meſcherra ;
« Et tous li mondes le verra,
« Car vous en perderez vo dame
« Qui vous aime de cuer & d’ame.
« Or ſuppoſons qu’elle ſoit fauſſe
« Envers vous, & qu’elle vous fauſſe ;
« Le doi-je pour ce comparer ?
« Helas ! vous me ſoliez parer
« De chanſonnettes amoureuſes,
« D’or & de pierres precieuſes,
« Et de dras d’or d’outre la mer ;
« Or voulez delaiſſier l’amer !
« Convient-il que je le compere ?
« Ce n’eſt pas raiſon, par Saint Pere :
« Car riens n’ay, s’il y a meffait,
« Meſpris, ne meſdit, ne meffait,
« Et, certes, elle n’y a courpe :
« Si, fait grant pechié qui l’encourpe.
« Il n’eſt d’elle plus vray amant,