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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/407

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DU VOIR-DIT.

que de celle que vous avez, & il le ſera quant il vous plaira ; car, en ce monde, je n’ay de riens plus grant deſir. Mon chier amy, s’il vous plaiſt, je vous pry que vous me vueilliez envoier le livre dont autres fois vous ay eſcript, ou aucunes de vos autres choſes pour moy esbatre. Car il m’eſt avis que vous vous en eſtes trop tenus. Mon tres-chier amy, je prie à Noſtre Seigneur qu’il vous doinſt honneur & joie de quanque voſtre cuer aime & qu’il vous vueille mettre & tenir en l’eſtat que vous eſtiez, quant vous partiſtes de moy. Par ma foy je y ſuis adés. Eſcript le .viiie. jour de mars.

Voſtre léal amie.


Quant j’eus ceſte lettre véu,
Et en mon cuer bien concéu
Ce que la lettre deviſoit
Et que li meſſages diſoit,
Sa parole recommenſa,
Et un petiot me tenſa,
En diſant qu’avoie meſpris
Trop fort, vers ma dame de pris.
Je demanday par quel manière ?
Et il me diſt : « La derreniere
« Balade que vous avez fait,
« Eſt la cauſe de vo mesfait ;
« Car vous dites tout en appert
« Qu’elle veſt, en lieu de bleu, vert.
« Et ſachiez que ceſte balade
« Eſtraint ſon cuer & fait malade ;
« Si qu’en ma preſence jura
« Que jamais vert ne portera,
« En chaperon n’en veſtéure,
« En verge, en chappel, n’en ceinture ;