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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/425

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DU VOIR-DIT.

déuſt deſplaire, j’euſſe auſſi toſt mors mon doit juſques à l’os, que je le vous euſſe envoié. Si vous pri, pour Dieu, mon dous cuer, que vous le me vueilliez pardonner. Et, par ma foy, je vous promet que je ne le feray jamais. Mais je le fis pour ce qu’il me faiſoit moult mal de ce que je ne le vous pooie donner, & auſſi que je vous envoieroie volentiers choſe qui vous donaſt confort & léeſce. Et, pour Dieu, mon dous cuer, ſe j’ay riens qui vous plaiſe par quoy vous péuſſiez avoir bien & joie, ſi le me vueilliez mander, & je vous promet que je le vous envoieray de tres-bon cuer. Je ne vous envoie pas voſtre livre, pour ce que j’ay trop grant doubte qu’il ne fuſt perdus. Et auſſi, c’eſt tout mon esbatement & que je y vueil aucunes choſes amender, lesquelles je vous diroie volentiers de bouche. Et toutevoie le vous envoleray-je le plus toſt que je porray avoir certain meſſage. Je n’ay pas eu les .ii. balades que vous me mandez que vous m’avez envoïes, dont je ſuis moult courrecie ; car j’ay grant doubte qu’elles ne ſoient truandées[1] avant que je les ſaiche. Ne je n’eus de vous nouvelles, puis que je vous eſcris par voſtre vallet derreinnement. Mon tres-dous cuer, je vous envoie .i. rondelet ou voſtre nom eſt. Si vous pri tres-amoureuſement que vous le vueilliez prenre en gré ; car je ne le ſceuſſe faire ſe il ne veniſt de vous. Je pri à Dieu qu’il vous doint honneur & joie de quanque voſtre cuer aime.

Voſtre tres-loial amie.
RONDEL.

Cinq, ſept, douze, un, nuef, onze & vint,[2]
M’a de tres-fine amour eſpriſe,

  1. Répandues, chantées par les rues.
  2. E. g. m. a. i. l. u, ce qui donne Guilame, & en doublant les lettres u & l, Guillaume : comme, dans le précédent rondeau de Guillaume,