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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/55

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DU VOIR-DIT.

Ne dont parfiner le péuſſe.
Qu’Amours or ne me maiſtrioit, [App. II.]
Ainçois de ſes gens me trioit ;
Si qu’à ce faire ne valoit
Riens, puis qu’Amours ne le voloit.

Mais, ainſi comme là penſoie
Tout ſeuls & merencolioie,
Je vi venir tout droit à mi
Un mien eſpecial ami [App. III.]
Qui me geta de mon penſer.
Et nuls homs ne poroit penſer
Comment je le vi volentiers ;
Qu’il avoit .xii. mois entiers[1]
Que je ne l’avoie véu.
S’en eus le ſang un peu méu,
Et ce ne fu mie merveille,
Car trop plus pale que vermeille
Eſtoit ma coulour, & deſtainte ;
Que j’avoie éu dolour mainte,
Pour ce qu’avoie vraiement
Eſté malades longuement.[2]
Nonpourquant, petit à petit,
Me revenoit mon appetit.

Brief, trop liés fui de li véoir.
Lors, le fis de-lez moy ſéoir,
Pour enqueſter de ſes nouvelles.

  1. Pour diſtinguer les chiffres romains des lettres ordinaires, l’ancien uſage étoit de placer, comme ici, les lettres de chiffre entre deux points.
  2. Ce fut durant le cours de cette maladie dont la goutte étoit le principe, & avant d’avoir reçu le meſſage dont il va parler, que Machaut fit le teſtament en forme de ballade qu’il enverra bientôt à ſa dame.